Un bien drôle abécédaire

Les forces de l'ordre ont, depuis toujours, eu droit à de nombreux surnoms plus ou moins affectueux. Mais saviez-vous que le sobriquet "poulet" ne désignait, à l'origine, que les policiers parisiens ? La rédaction a décidé de se pencher plus en profondeur sur ces quolibets servant à qualifier la police ou ses agents.

Les poulets

Il n’est pas rare d’entendre de nombreux sobriquets à l’attention des forces de police. Des propos tout autant moqueurs qu’attentionnés. Le plus répandu demeure sans nul doute « les poulets ». Mais pour quelle raison ces gallinacés sont-ils devenus la mascotte emblématique des policiers ? Il faut remonter au XVIIIe siècle pour découvrir l’étymologie de cette expression aux origines parisiennes. A cette époque, plusieurs incendies avaient ravagé un grand nombre de monuments, dont la connotation avait un quelconque rapport avec l’image du pouvoir. Ce fut donc le cas du bâtiment qui abritait la Préfecture de police.

Le maire de Paris de l’époque, Jules Ferry décida de mettre à disposition des forces de l’ordre un bâtiment transformé en caserne et sis au 36, quai des Orfèvres (adresse bien connue aujourd’hui, notamment grâce à de nombreuses réalisations cinématographiques). L’édifice ayant été érigé en lieu et place d’un ancien marché de volailles, le surnom de poulet a été donné aux policiers travaillant dans ce poste. Les années ont passé et le terme de « poulet » s’est étendu à tous les policiers de toute la France jusqu’à envahir les hommes en bleu d’Europe francophone.   

Mais ne vous inquiétez pas, les autres nationalités ont également leurs surnoms et même les Hauts-valaisans ont le leur… :

USA : Pigs (cochons)

Allemagne : Bullen (taureaux)

Angleterre : Grasshoppers (sauterelles)

Haut-Valais : Tschugger

22 v'là les flics

Il s’agit sans aucun doute de l’expression donnant lieu à une ribambelle plausible de théories quant à l’origine de cette expression servant à avertir l’arrivée de la police.

Vingt-deux correspondrait au nombre de lettres utilisées dans l’expression « Attention voilà les flics ». Toutefois l’origine de cette expression semble nous conduire tout droit dans les imprimeries du XIXe siècle où la taille des caractères utilisés pour former les lettres composants les textes étaient habituellement de taille neuf ou dix. De ce fait, la taille vingt-deux était destinée aux titres, car de grandeur plus importante, et permettait également de désigner l’arrivée du chef de manière anodine. Quand le chef d’atelier entrait, on criait : 22 et lorsqu’il s’agissait du patron, la dimension doublait et là on criait : 44.

Cette expression semble véritablement tirer son origine du monde de l’imprimerie car une deuxième variante nous conduit tout droit en prison, où des ouvriers typographes attribuaient le chiffre « 22 » suite à l’addition des chiffres correspondant au rang des lettres du mot « CHEF » dans l’alphabet :

C = 3 + H = 8 + E = 5 + F = 6 = 22

Une autre hypothèse viserait à associer le chiffre « 11 » à un individu normalement constitué de deux jambes et représentant ainsi en posture debout, ce chiffre. Quand on disait vingt-deux, c’était le moment de courir car une patrouille de police (principalement composé de deux agents) était en approche.

Les flics / les keuf's

L’origine de cette appellation est incertaine, mais selon l’une des suppositions envisageables, le mot flic proviendrait du mot allemand « fliege » et/ou du mot flamand « vlieg » qui signifient mouche.

En France, dans le langage populaire, les auxiliaires ou indic’ de la police étaient jadis appelés des mouches, ce qui a d’ailleurs donné le mot actuel mouchard.

Il est possible que la notion de mouche, dans son sens de collaborateur de la police, ait été exportée et traduite en Allemagne, en Flandres ou aux Pays-Bas, et soit revenue déformée en France. C’est d’autant plus vraisemblable que, avant d’en arriver aux flics contemporains, les textes du XIXe siècle faisait état de fligues.

Le fligue a ensuite évolué en flique puis en flic, et a désigné par extension tout policier et pas seulement les collaborateurs non officiels de la police.

Cette origine n’est pas absolument démontrée mais elle est assez crédible.

Quant au mot « keuf », il signifie « flic » en verlan (inversion phonétique des syllabes – de l’envers), il est ainsi prononcé keufli mais est utilisé en version abrégée : Keuf’

Les condés

En 1637, le condé était le Lieutenant général qui représentait le roi du Portugal dans son comptoir du Cap-Vert. En portugais, conde désigne un Comte ou un Gouverneur, soit celui qui détenait l’autorité publique. En 1822, ce mot entra dans l’argot des malfrats.

Depuis 1906, le condé est utilisé afin de désigner un policier.

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