David Roduit, chef-adjoint sur les domaines d’Ovronnaz

Il se définit comme un enfant de la montagne depuis toujours. David Roduit, le Saillonin de 36 ans, passe l’hiver à la montagne dans le domaine de la sécurité des pistes et l’été à travailler le bois aux quatres coins du canton en tant que menuisier. En 2012, David Roduit est nommé chef-adjoint de la sécurité à Téléovronnaz ce qui lui a permis de prendre des responsabilités et d’évoluer dans son métier. La montagne le passionne, il le dit :

Je ne m’éloigne jamais beaucoup de la montagne, elle est présente également l’été lors de mes sorties sportives en vélo, en course à pied, en randonnée ou lors de simples balades accompagné de ma conjointe et de notre chien.

Interview

David Roduit

David Roduit, quelle est votre fonction sur le domaine skiable ?

Le métier de patrouilleur consiste à gérer la sécurité en hiver sur un domaine skiable. Elle comprend différents domaines comme la gestion du risque d’avalanche, la sécurité sur les pistes et la prise en charge des blessés.

Une journée-type de patrouilleur ?

Le patrouilleur doit assurer l’ouverture du domaine skiable dans des conditions de sécurité optimales. Si les précipitations le nécessitent, nous commençons la journée à 4h30 afin de réaliser un minage préventif des pistes pour permettre l’ouverture du domaine à 9h. Pour ce faire, nous avons plusieurs moyens à notre disposition en fonction de la localisation des pentes dangereuses mais également de la météo lors du minage. Nous déclenchons les avalanches de façon automatique grâce à des Wyssen (largage d’une charge explosive par ordinateur via un dispositif fixe), soit par hélicoptère avec un largage des charges à des endroits précis lors d’un vol, soit par lance-mine ou tube-roquette, soit de façon manuelle en montant à deux patrouilleurs sur les arêtes grâce aux peaux de phoque et larguer à la main les charges explosives aux bons endroits.

Une fois le domaine sécurisé du risque d’avalanche, nous nous assurons que chaque piste soit le plus sûre possible en prévenant tout risque de chutes ou de collisions. Nous allons alors vérifier le balisage des pistes pour les délimiter, protéger les différents pilonnes à l’aide de matelas, signaler les éventuels dangers (trous, croisements avec un téléski,…), vous informer du danger d’avalanche journalier, etc.

Il est 9h, le domaine skiable ouvre ses portes au public. Nous faisons donc notre travail de sécurité journalier en patrouillant sur tout le domaine régulièrement afin de s’assurer que tout est sécurisé. Plusieurs fois par jour, nous sommes appelés parce qu’un skieur s’est blessé ou ne se sent pas bien et qu’il nécessite une prise en charge. Nous intervenons auprès de lui avec divers moyens à notre disposition. Suivant la blessure, le skieur pourra soit repartir sur ses deux jambes, soit descendre à l’arrière de notre motoneige ou être descendu sur une luge afin de l’amener au plus près d’un véhicule (voiture personnelle ou ambulance) pour une évacuation vers des soins médicaux. Il se peut également qu’il doive être évacué par hélicoptère en fonction de la gravité de ses blessures et si la météo le permet.

Selon vous, cet hiver sera-t-il neigeux ?

Un hiver neigeux ? Comme tous les amoureux de la neige, j’espère sincèrement oui ! Nous tenons des statistiques concernant la hauteur de neige en prenant en compte les accumulations neigeuses tout au long de la saison afin de faire le point en fin de saison hivernale. Depuis 1999, date du début de la récolte des statistiques du manteau neigeux, les variations d’une année à l’autre sont très différentes, on retrouve facilement quelques mètres de différences. Il est donc très compliqué de savoir d’une année à l’autre si nous profiterons d’un hiver plutôt neigeux comme celui de 2017-2018, ou un hiver très pauvre en précipitations comme ce fut le cas il n’y a pas si longtemps. A défaut de savoir si nous allons vivre un hiver neigeux ou sec, j’espère juste que la saison se déroulera sans accident grave ni incident et que tous les mordus de sports d’hiver pourront se faire plaisir à leur manière.

Pouvez-vous nous faire part d’une anecdote liée à un sauvetage ?

Un jour ensoleillé d’hiver, j’ai été appelé au SnowPark pour prendre un charge un enfant suite à une chute à ski sur un module présent dans le park. Arrivé sur place, le diagnostic n’a pas été très compliqué à faire vue sa grosse douleur au tibia et la déformation visible que celui-ci présentait. Une belle fracture pour ce bonhomme d’à peine une dizaine d’années. La prise en charge était un peu délicate et nécessitait donc l’intervention des secours aériens. Une fois la centrale prévenue et les secours engagé, j’ai informé le garçon qu’il allait devoir partir à l’hôpital et que pour éviter de lui faire trop mal, le plus facile serait de le faire directement avec un hélicoptère. A ce moment-là, la douleur a laissé place un instant à l’admiration et la joie de pouvoir pour la première fois de sa vie monter et voler dans les airs grâce à ce gros oiseau. Ce petit a été très courageux et malgré toute la douleur parfois à la limite du supportable que génère une fracture de ce type, le plus important pour lui a été de voir atterrir cette grosse turbine et y monter dedans. Comme quoi, il ne suffit parfois pas de grand-chose pour rendre un enfant heureux malgré la situation.


Cet article fait parti du dossier Sécurité en hiver

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