En 2023, c’est la Suisse qui a été choisie pour accueillir des étapes de la 106e édition de l’épreuve transalpine. Retour sur ces deux journées où le Valais a troqué son emblème rouge et blanc pour se parer de rose.
Au terme de plusieurs mois de préparation intensifs, le Comité d’Organisation emmené par l’ancien cycliste professionnel Steve Morabito ainsi que tous les acteurs principaux de la sécurité de notre canton étaient prêts pour recevoir le jour-J l’ensemble des équipes du World Tour ainsi que les meilleurs cyclistes du monde sur nos routes valaisannes.
Pourtant, toute cette organisation aurait pu connaître un épilogue tout différent. En effet, le matin même de la 13e journée du Giro, excédés par les températures hivernales et les nombreuses précipitations qui arrosaient le nord de l’Italie, les différents athlètes emmenés par leur syndicat ne souhaitaient pas prendre part à cette étape dont le départ devait s’élancer de Borgofranco d’Ivrea, ville situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Turin.
Les arguments ainsi que l’investissement personnel déployés par les organisateurs valaisans ont fini par convaincre les coureurs de prendre le départ de cette 13e étape, toutefois en lui amputant plus de 120 kilomètres. Le départ est donc finalement donné sur le coup des 15 heures depuis le Châble dans le Val de Bagnes pour un tracé unique, 100% valaisan.
La sécurité des quelques 75 kilomètres de cette première journée a été assurée par la Police cantonale et les polices municipales, les membres de la Protection civile, l’Organisation Cantonale Valaisanne des Secours sans oublier la précieuse collaboration des sapeurs-pompiers. Tous ont rempli parfaitement leurs missions pour permettre aux sportifs ainsi qu’aux nombreux spectateurs afflués au bord des routes de profiter pleinement de cette grande fête du vélo avec notamment comme point culminant, le franchissement du Col de la Croix-de-Cœur perché à 2’173 mètres où de nombreux amateurs de la petite reine s’étaient déplacés.
Avec comme idyllique décor d’arrivée, la station de Crans-Montana, cette course restera gravée dans la mémoire des coureurs, dans l’esprit des organisateurs ainsi que dans le cœur des Valaisans.
C’est sous un soleil de plomb de la Cité qui porte son nom que s’est déroulée la cérémonie de départ de la 14e étape qui emmenait les athlètes à destination de Cassano Magnago. Les coureurs ne cachaient pas leur plaisir de se trouver en Suisse où les températures étaient plus propices à la pratique de leur sport favori.
Le public s’était, comme à son habitude, déplacé en grand nombre pour assister au départ de ce tracé comptant 193 kilomètres. Seule difficulté majeure pour les cyclistes, l’ascension du Col du Simplon… et les trombes d’eau qui se sont une nouvelle fois invitées sur ce Giro.
Les partenaires de la sécurité ont à nouveau su faire preuve d’un professionnalisme exemplaire en garantissant la bonne tenue de cet évènement international, en démontrant par leur partenariat que le Valais était capable d’organiser et d’accueillir des manifestations de cette envergure.
Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir quelques instants avec le Président du Comité d’Organisation Steve Morabito, qui fera l’objet d’un entretien croisé avec notre Commandant Christian Varone dans notre prochaine newsletter quant au bilan sécuritaire de ce Giro d’Italia 2023.

Le dossier de candidature pour accueillir l’arrivée d’une étape du Giro d’Italia fut déposé auprès des organisateurs en 2020 déjà. Tout juste trois années plus tard, voilà la deuxième manifestation cycliste mondiale qui s’invite en Valais. Comment prépare-t-on un tel évènement ?
Effectivement les premières rencontres avec le Canton du Valais et les organisateurs du Giro ont débuté en 2019. Nos arguments et notre motivation ont dû plaire aux organisateurs qui nous ont réservé une place privilégiée pour cette 106e édition du Giro d’Italia.
Une fois la bonne nouvelle obtenue et la possibilité d’accueillir deux journées de cet évènement mondial, il y a eu tout une phase de prospection pour proposer des « villes étapes » répondants aux critères de l’organisateur transalpin. En effet, ceux-ci vous approchent avec un scénario de course en tête et des critères très précis sur les prérequis des villes d’arrivée et de départ.
Crans-Montana et Sierre se sont rapidement dégagés et une association a été créée afin de mutualiser les ressources de ces deux villes étapes. Le délai restant était très court, car il ne nous restait plus que sept mois pour répondre à l’astreignant cahier des charges du Giro avec comme priorité la création de diverses commissions devant gérer les dicastères suivants : la coordination sécuritaire – les infrastructures – la gestion administrative – la communication et le marketing – la décoration et l’animation sans oublier la gestion des bénévoles.
Les personnes présentes dans le Comité n’avaient jamais travaillé ensemble mais la bonne ambiance qui y régnait a permis de créer rapidement un groupe solide et en parfaite cohésion.
Attention toutefois à ne pas sous-estimer le « gymkhana » administratif et le marathon des différentes séances qu’il a fallu mettre sur pied pour informer, fédérer, planifier et engager toute une multitude de parties externes comme les services institutionnels, les collectivités publiques ou autres. Organiser un événement sportif est déjà complexe, mais lorsque l’on additionne la pression médiatique (direct TV dans 200 pays,) la complexité d’un passage d’une caravane de 2’000 personnes sur deux douanes différentes, la gestion d’un budget de 1.2 millions de francs, les fermetures d’axes internationaux et la venue d’un nombre important de spectateurs, le défi était intense et intéressant à la fois.

En qualité d’ancien coureur professionnel, vous avez décidé de prendre la présidence du Comité d’Organisation. Comment se retrouve-t-on de l’autre côté du décor ?
La présidence de l’association a été confiée à Nicolas Féraud, Président de Crans-Montana, pour ma part, j’en ai assuré, pour la première fois, le rôle de Directeur. Ce fut un joli défi et un sacré challenge. Il me plait de dire que je suis un apprenti organisateur et avec le recul, je suis très satisfait d’avoir su, dès le début du projet, m’entourer de personnes au bénéfice d’expérience et faisant preuve de bienveillance pour m’appuyer au sein de ce Comité.
A l’occasion des premières séances, cela me paraissait bizarre d’y participer avec la casquette d’organisateur. Au terme de ma carrière professionnelle, j’avais déjà officié comme conseiller technique pour l’UCI (Union Cycliste International) et cela m’avait bien ouvert l’esprit pour la gestion d’événements et la relation organisateurs – équipes – athlètes ! C’était clairement un plus pour mon nouveau rôle.
Le Giro d’Italia reviendra-t-il un jour en Valais ?
J’espère sincèrement que oui. Mais ce dont je souhaite avant tout, c’est que le projet soit toujours porté par une ville étape motivée et fière de pouvoir capitaliser sur cette fantastique opportunité d’accueillir un grand tour et stimuler le cyclisme local ainsi que la chaîne de prestataires qui gravitent autour du vélo en Valais !